NOTE SUR LA DÉMARCHE ARTISTIQUE
L’oeuvre d’Amélie Labourdette, principalement liée au médium photographique, se déploie à travers l’exploration de récits mineurs et à la révision des récits historiques dominants. Récits mineurs qui remettent en question les formes hégémoniques du savoir et de représentation du monde et questionnent l’histoire post-coloniale, l’écologie, à l’ère du capitalisme.
Amélie Labourdette envisage les strates géomorphiques de la Terre comme un livre à décrypter : un livre-Terre et à travers une lecture perspectiviste du territoire et la saisie de traces indicielles, chaque projet aborde la question des relations complexes entre l’humain et son “ environnement “, la biosphère terrestre, le cosmos.
Elle explore via le médium photographique, l’étrangeté primordiale de notre Kósmos perçu comme un monde crypté, afin d’en saisir le maillage, ses interconnexions et ses interrelations entre les entités humaines et les entités naturelles non-humaines. C’est précisément cet enchevêtrement qu’elle questionne, appelant à une ré-imagination et une re-fondation alternative de récits invitant les humains à sortir d’une position centrale imaginaire.
Ces oeuvres célèbrent rien de moins qu’un pluralisme ontologique dans son effort pour reconnaître une forme de sensibilité et de subjectivité aux entités naturelles non-humaines. Reconnaître un esprit agissant dans chaque strate de la nature - animale, végétale, minérale - relativise toute supériorité ontologique de l’humanité.
Se projetant dans une synthèse analogique inclusive où la hiérarchie des connaissances du sujet est abolie, les recherches d’Amélie Labourdette combinent les sciences de la vie, la paléobotanique, l’analyse anthropologique et historique avec la poésie subjective des images, mettant en résonance différentes strates temporelles. Procédant pas association analogique de représentations et par intuition, Amélie Labourdette met en présence les liens de sens et de formes.
Chaque projet est avant tout une enquête et invite à des nouages d’espaces-temps où les catégories du passé, du présent et du futur s’entremêlent.
Ces oeuvres proposent de nous re-connecter de manière sensible à l’esprit des lieux, aux spectres animaux, végétaux, enclos dans la matérialité des phénomènes et suggère une alternative à une vision présentiste de l’histoire en nous reliant à une histoire humaine et plus qu’humaine sur le temps long.
Ces questions écosophiques et de leurs traductions plastiques prennent la forme d’une profonde interrogation du médium photographique à travers l’exploration et l’expérimentation de sa matérialité.
NOTE ON THE ARTISTIC APPROACH